Orchidées et Tropicales


La Lettre du
Président de TEP

L'exploration ininterrompue des mondes : du nôtre, visible ou invisible, des autres, de l'infiniment petit à l'infiniment grand, est l'une des spécificités de la nature humaine, en interrogation permanente, et toujours en quête du milieu extra-muros. Le besoin constant d'approcher l'inconnu semble être un des moteurs fondamentaux qui nous a conduit au développement de la pensée, à la diversification du savoir et à la richesse spirituelle. Il est aussi l'une des conditions qui motivent l'épanouissement de l'existence en alimentant le rêve.

La nature est prise de vitesse. Le voyage des gènes du monde végétal s'est accéléré, peut-être enrichissent-ils l'humanité en ressources vivrières ? Permettent-ils d'autres cultures et commerces, classification et connaissance du patrimoine végétal de la planète; ils apportent d'abord la preuve aux sédentaires de l'existence même de mondes si différents, vécus par ceux qui ont osé les premiers franchir les espaces.

C'est le sens que je donne aux actes de tous ces chercheurs d'aventure et d'irrationnel qui bien avant les botanistes partirent avec des moyens de fortune vers des continents impossibles et quelquefois imaginaires à la recherche de cette différence et de l'inconnu, vers des formes nouvelles et étranges, celles des autres terres.

Les plantes qu'ils ramenèrent pèle-mêle, sans trop bien savoir ce qu'il en adviendrait, constituent certainement les balbutiements de l'acclimatation et de la diversification végétale de notre continent. La liste serait trop longue à énumérer de végétaux dits autochtones et dont l'origine tropicale ou subtropicale remonte à l'aube des voyages. Beaucoup d'entre eux périrent, c'est la loi.

Avec le temps et la connaissance, on définit les ponts qui rattachent la plante à son biotope. L'étude et le classement des milieux tropicaux démantèlent la notion de bloc monolithique populaire. Des caractères de plantes s'identifient aux latitudes, mais encore, à la spécificité des climats et des terres locales : zones tropicale et subtropicale qui s'étalent jusqu'aux abords de notre méditerranée. A l'intérieur de ces zones avec tant de particularités, les forêts, les steppes, les plateaux humides, les déserts, les mangroves, les altitudes, ont façonné les modèles végétaux en étroite adéquation avec l'atmosphère, la pluviométrie, la chaleur, l'ombre, la lumière, le sol, la sécheresse, l'alternance des pluies des moussons, le manque d'humus, la vie aquatique, la consommation par les herbivores...

Beaucoup de ces plantes ont muté en suivant l'évolution des climats ; d'autres, isolées par la dérive des continents ou par des barrières climatiques ou topographiques infranchissables, ont conservé des caractères primitifs précieux et sont les marques vivantes des premiers âges.

La grande diversité de la végétation tropicale est le résultat d'une sélection naturelle qui favorise toute mutation positive aussi faible soit-elle. La plante, la mieux adaptée, survit et prospère, la moins favorisée disparaît. La grande diversité des milieux et des climats justifie le foisonnement d'espèces et de formes.

Apprendre à vivre sans racines, s'accrocher aux arbres ou à la roche par des crampons : les épiphytes absorbent les sels minéraux et se nourrissent par leur feuillage. Se dégager de l'eau, filtrer l'eau de mer, les plantes des mangroves s'attachent à la terre par d'inombrables faisceaux de pseudos racines qui s'enchevêtrent en réseaux inéxtricables. Pour atteindre le soleil au sommet de la canopée : les lianes développent d'immenses tiges souples qui doivent s'attacher ou enlacer les arbres. Les cactées, au cours du temps, ont transformé leurs feuillages en épines défensives, économisant ainsi l'eau rare des déserts, leur lieu de prédilection. D'autres plantes, pour le même motif, ont choisi de faire des réserves, c'est le baobab, constitué d'un tissu spongieux et dont le nécessaire volume le fait s'identifier à une outre.

Dans un sens opposé, pour favoriser l'évaporation et capter la lumière faible,mais indispensable sous les frondaisons , les plantes des sous bois des zones équatoriales et des lieux humides développent d'immenses feuillages véritables capteurs d'énergie.

Il faudra accorder aux couleurs éclatantes de fleurs ainsi qu'à leurs formes trompeuses, une signification d'appât ou de leurre qui attire l'insecte ou l'oiseau pollinisateur.

Nous pourrions citer la fabrication de substances moins visibles, les essences, dont les raisons pourraient aider à la protection de la plante dans l'abondance des concurrences. Ces molécules particulières constituent un réservoir précieux dont l'homme lui-même pourait être, un jour, le principal utilisateur. Depuis l'importation anarchique et dès le XVIème siècle, un travail considérable de prospection, de compréhension et d'acclimatation a permis à de multiples espèces de trouver refuge dans des pays dont le climat ne permet pas le développement de ces plantes dans des conditions normales. Serres chauffées, atmosphères hydratées, conditions appropriées de sol sont alors nécessaires à leur croissance. Ce travail a permis une meilleure connaissance de végétaux qu'il était difficile d'aborder dans leur pays naturel, ceci n'excluant nullement l'étude sur place.

Actuellement, de nombreuses plantes tropicales sont cultivées hors de leur pays d'origine, à partir de graines produites dans les serres, de clonages (culture in vitro), de division.

Parmi les plantes tropicales, certaines, du fait de leur lieu d'implantation, sont susceptibles de s'adapter à notre climat, ce sont des plantes de zones subtropicales ou d'altitude. D'autres doivent être protégées en hiver ou doivent vivre à l'abri de serres (voire serre chauffée) et dont l'hygrométrie doit être élevée et constante.

Leur présence nous apporte la vision de formes concrètes qui alimentent nos rêves de chaleurs et d'images extraordinaires, de couleurs et d'harmonie inhabituelles.

Nous souhaitons que cette exposition "ORCHIDEES ET TROPICALES" vous offre du plaisir et l'envie de mieux connaître ce monde différent.

Le Président de TEP
Gérard CHAVE

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